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Évolution de la « Cyberguerre » : de la fiction à la réalité stratégique
Je viens de terminer la lecture de l’excellent ouvrage de Martin Untersinger Espionner, mentir, détruire et me suis replongé dans des notes que j’avais jeté dans le cadre d’une réflexion sur une “petite histoire de la cyber conflictualité”. Je vous propose ci-dessous un voyage dans le temps, trente ans de cyberguerre en 5 minutes de lecture.
Grimpez dans la Dolorean et attachez vos ceintures.
L’Évolution de la « Cyberguerre » : De la Fiction à la Réalité Stratégique
La technologie transforme profondément la nature des conflits contemporains, ce truisme sert en général de chapeau à tout article qui traite de la « cyberguerre » depuis, au moins, 1993. Intelligence artificielle, drones, robots tueurs et cyberattaques font désormais partie du lexique militaire quotidien. Ajoutons « guerre hybride » et la panoplie est complète. Mais au-delà des effets d’annonce et des concepts du « prêt à porter stratégique », quelles sont les véritables implications de cette approche techno-centrée pour les institutions et sur nos armées ? Le 9 juin 2023, lors de la conférence de clôture du SSTIC, Mathieu Feuillet revenait sur 15 ans d’opérations à l’ANSSI. Dans sa présentation, il évoquait 2011 et l’attaque contre Bercy comme « la mère de toutes les batailles » pour la sous-direction des opérations de l’ANSSI. À l’époque, des exfiltrations massives de données étaient détectées sur les serveurs du Ministère de l’Économie et des Finances dans le cadre de la présidence française du G20. L’attaquant, présent dans le système d’information depuis au moins deux ans, s’est révélé assez professionnel bien que peu discret. Toujours présent lors de l’intervention de l’agence, les équipes ont ainsi pu observer en « temps réel » les actions de ce groupe et interagir avec lui.
Le double maléfique de Doppelgänger
Quand escroquerie financière et influence russe convergent
Encore une fois, une analyse récente du DFRLab sur des scams aux cryptoactifs (exploitant cette fois-ci la mort d’Alexei Navalny) révèle des techniques étrangement familières pour ceux qui suivent les opérations d’influence russes.
Entre usurpation massive d’identités médiatiques (DW, EuNews), deepfakes d’opposants politiques russes, infrastructure de centaines de pages dormantes réactivées et typosquatting sophistiqué, ce mode opératoire est toujours le même depuis des années (remplacez juste Gabriel Attal par Navalny et Navalny par Berlusconi).
Réseaux sociaux ou l'illusion du contrôle
Lorsqu’on s’intéresse à l’influence et aux dynamiques sociales, on tombe tôt ou tard sur la conjecture de Foerster ou sur les notions dérivées qui sont regroupées dans les concepts de “seconde cybernétique” et les approches de systèmes complexes. C’est ce qui m’est arrivé en écoutant l’épisode de Signal sur bruit qui explore avec Victor Chomel le capitalisme de la confiance.
Retour vers la conjecture
Pour résumer la conjecture de Foerster appliquée aux réseaux sociaux, on peut shématiquement dire que :
Lutte contre la manipulation de l’information (LMI) et terminologie, Houston we have a problem
Depuis plusieurs mois, la lecture des rapports et des diverses lettres informations qui traitent des sujets liés à la manipulation de l’information me laisse un peu sur ma faim. Sans vraiment comprendre pourquoi, j’avais le sentiment d’un manque. Mais où est le problème ?
Si, comme nous l’avons proposé la comparaison méthodologique entre cybersécurité et opérations d’ingérence numérique est source d’inspiration, à trop vouloir coller au modèle on efface probablement des spécificités de l’objet d’étude. Le manque évoqué viendrait donc d’un déficit de définitions, d’un problème de terminologie. Ainsi, dans un même document, Matriochka est présenté comme un “mode opératoire” puis une “campagne” ou un “dispositif”. On parle également parfois “d’écosystème numérique”. Or, ces notions, lorsqu’elles existent en CTI (Cyber Threat Intelligence) sont connues et s’intègrent dans une démarche complète visant à standardiser les appellations pour faciliter la capitalisation, l’échange et l’analyse des données. En LMI, la confusion sémantique semble encore régner.